Le secteur agroalimentaire, pilier de l’économie mondiale, est aussi l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre (GES). Selon les estimations, il représente environ 25 % des émissions mondiales, principalement à travers la production agricole, la transformation des aliments, le transport et la gestion des déchets. Face à l’urgence climatique, la décarbonation de ce secteur est devenue une priorité. Mais comment réduire son empreinte carbone tout en répondant à une demande alimentaire croissante ?

Les sources d’émissions : un bilan alarmant
Pour comprendre les enjeux de la décarbonation, il faut d’abord identifier les principales sources d’émissions. La production agricole arrive en tête, notamment à cause de l’utilisation massive d’engrais azotés, qui libèrent du protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le CO₂. L’élevage, en particulier celui des ruminants, génère d’importantes quantités de méthane, un autre GES au potentiel de réchauffement élevé. La transformation des aliments, le transport sur de longues distances et le gaspillage alimentaire – responsable de 8 % des émissions mondiales – complètent ce tableau préoccupant. Sans oublier l’emballage, souvent à base de plastique, qui pose un double problème : émissions de CO₂ lors de sa production et pollution environnementale.

Les défis de la transition bas carbone
Décarboner le secteur agroalimentaire n’est pas une mince affaire. Le premier défi est d’assurer la sécurité alimentaire tout en réduisant les émissions. Avec une population mondiale qui devrait atteindre 10 milliards d’ici 2050, la demande en nourriture va augmenter, ce qui pourrait entraîner une hausse des émissions si rien n’est fait. Un autre défi est la résistance au changement. Les pratiques agricoles traditionnelles, souvent ancrées depuis des générations, sont difficiles à modifier. Enfin, les coûts liés à la transition vers des pratiques plus durables peuvent être prohibitifs pour les petits producteurs, notamment dans les pays en développement.

Les solutions : une révolution à tous les niveaux
Malgré ces défis, des solutions existent pour réduire l’empreinte carbone du secteur agroalimentaire.

1. L’agriculture régénérative
L’agriculture régénérative, qui vise à restaurer les sols et à augmenter leur capacité à stocker le carbone, est une piste prometteuse. Cela inclut des pratiques comme la rotation des cultures, l’agroforesterie et la réduction du labour. L’utilisation d’engrais biologiques et la réduction des intrants chimiques peuvent également diminuer les émissions de protoxyde d’azote.

2. Réinventer l’élevage
L’élevage, en particulier celui des ruminants, est une source majeure de méthane. Des solutions comme l’amélioration de l’alimentation animale (ajout d’additifs réduisant les émissions de méthane) et la promotion de régimes alimentaires moins riches en viande peuvent aider à réduire ces émissions. Par ailleurs, le développement de protéines alternatives, comme les protéines végétales ou cultivées en laboratoire, offre une alternative durable à la viande traditionnelle.

3. Optimiser la chaîne logistique
Le transport des aliments sur de longues distances est une source importante d’émissions. Pour y remédier, les entreprises peuvent privilégier les circuits courts et les produits locaux. L’utilisation de véhicules électriques ou à hydrogène pour le transport des marchandises est également une piste à explorer.

4. Lutter contre le gaspillage alimentaire
Le gaspillage alimentaire est responsable de 8 % des émissions mondiales de GES. Pour le réduire, il est essentiel d’améliorer la gestion des stocks, de sensibiliser les consommateurs et de valoriser les déchets alimentaires, par exemple en les transformant en compost ou en biogaz.

5. Repenser les emballages
Les emballages plastiques sont une source majeure d’émissions. Les entreprises peuvent opter pour des matériaux recyclables, biodégradables ou compostables. Par exemple, l’utilisation d’emballages à base d’algues ou de champignons est une innovation prometteuse.

6. Transition énergétique
La décarbonation du secteur agroalimentaire passe également par une transition vers des sources d’énergie renouvelable. Les usines de transformation peuvent installer des panneaux solaires, des éoliennes ou utiliser de la biomasse pour réduire leur dépendance aux énergies fossiles.

Les initiatives en cours : des signaux encourageants
De nombreuses initiatives sont déjà en cours pour décarboner le secteur agroalimentaire. Par exemple, le groupe LSDH a entrepris une démarche active de décarbonation en réalisant des audits environnementaux et en adoptant des pratiques écoresponsables, comme l’utilisation de biocarburants pour le transport. Par ailleurs, des programmes internationaux comme la « Farm to Fork Strategy » de l’Union européenne visent à rendre les systèmes alimentaires plus durables.

La décarbonation du secteur agroalimentaire est un défi complexe, mais essentiel pour lutter contre le changement climatique. En adoptant des pratiques agricoles durables, en réduisant les émissions liées à l’élevage, en optimisant la chaîne logistique et en innovant dans les emballages, le secteur peut réduire son empreinte carbone tout en répondant à la demande croissante en nourriture. Les entreprises, les gouvernements et les consommateurs ont tous un rôle à jouer dans cette transition. La décarbonation n’est pas seulement une nécessité environnementale – c’est aussi une opportunité pour construire un système alimentaire plus résilient et plus équitable.

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